Personnes à mobilité réduite : les obligations de la copropriété
Il existe, en France, un encadrement sur l’accessibilité des personnes à mobilité réduite (PMR) dans les lieux recevant du public. Toutefois, en copropriété les textes sont assez flous et n’obligent pas toutes les copropriétés à s’équiper. S’il existe quelques lenteurs à ce sujet, des évolutions sont tout de même constatées et tendent à s’améliorer. Le but est de rendre la copropriété accessible à tous, dans les meilleures conditions.
Pour les bâtiments neufs, et dont le permis de construire a été déposé après le 1er janvier 2007, les aménagements en faveur de l'accessibilité des PMR sont obligatoires. Le Code de la Construction et de l’Habitation précise que ces contraintes d’accès concernent “les circulations communes intérieures et extérieures, une partie des places de stationnement automobile, les logements, les ascenseurs, les locaux collectifs et leurs équipements”.
Autrement dit, l'ensemble des parties communes et des espaces fréquentables par des personnes à mobilité réduite doivent être aménagés pour une circulation aisée, en intérieur comme en extérieur.
Ces réglementations ne sont toutefois pas les mêmes dans le neuf et dans l’ancien. En effet, les copropriétés construites avant 2007 ne sont pas soumises à une obligation de mise aux normes des accès pour les PMR. En revanche, pour ces mêmes bâtiments, il peut être obligatoire de penser à l’accès PMR en cas de :
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travaux d'extension de la résidence
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d’ajout et construction de nouveaux locaux
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travaux de modification du bâti
Dans tous les cas, dès lors qu’un copropriétaire se retrouve en situation de handicap, accueille une PMR, ou pour toute autre situation, il a le droit d’exprimer son besoin d’aménagement au sein de la copropriété afin de la rendre adaptée à son mode de vie.
Quelles sanctions encourues ?
Dans l’ancien (avant 2007), il n’existe aucune obligation d’aménagement bien que ces derniers soient fortement recommandés. Il n’existe donc pas de sanction pénale qui peut être engagée sur le sujet. Il conviendra plutôt d’un accord amiable entre le syndic de copropriété et les éventuels demandeurs d’accès PMR.
Pour les bâtiments récents, et malgré le cadre existant, il n’existe que très peu de risques de sanctions. Les accès PMR font en effet partie des cahiers des charges de la construction. Les architectes et maîtres d'œuvre sont alors contraints de respecter les divers aménagements nécessaires. En cas de défaut, la sanction sera l’obligation de refaire les travaux pour mettre aux normes le bâtiment.
Des efforts restent donc à faire en termes de législation et d’encadrement des mises aux normes en faveur du handicap et de la réduction de la mobilité des copropriétaires. Rappelons qu’il s’agit de situations face auxquelles personne n’est protégé, ce sont ainsi des aménagements qui peuvent profiter à l’ensemble des copropriétaires.
Les travaux d’aménagements pour l’accès aux PMR
Il existe différentes solutions pour parvenir à améliorer l’accès aux PMR. Avec des travaux plus ou moins imposants, et en conséquence plus ou moins coûteux, toutes les copropriétés disposent de moyens pour améliorer le confort de vie des occupants.
Dans les communs comme en parties privatives, voici les solutions qui s’offrent à votre copropriété :
- Réaliser un bilan d’accessibilité
Les études sont les prémices de tout projet d’aménagement. Le bilan d’accessibilité en copropriété permet au syndic et aux copropriétaires de se rendre compte de la nécessité d’intervenir sur l’accès du bâtiment aux personnes à mobilité réduite.
Ce bilan est réalisé par un professionnel du bâtiment. Il met en exergue tous les points d’amélioration et d’intervention pour permettre les meilleurs aménagements qui soient au sein des parties communes.
Les mesures à mettre en place sont classées selon trois degrés d’importance :
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les travaux importants
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les travaux de substitution
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les travaux facultatifs
Il sera ensuite possible de prioriser les interventions afin de répondre aux plus de contraintes tout en organisant les budgets et les travaux.
- Dans les parties communes
Dans les parties communes, il est possible d’intervenir sur différents points pour améliorer le quotidien des PMR. Des travaux les plus légers aux plus complexes qui touchent à la structure du bâtiment, il est possible de retrouver un bon nombre de solutions :
Solution |
Explication |
Aménagement d’une rampe d’accès |
La rampe d’accès permet aux fauteuils roulants de traverser des différences de niveaux en toute simplicité. Elle est indispensable en cas de présence de marches dans les parties communes. |
Installation d’élévateur pour PMR |
L’élévateur est un équipement qui permet de remplacer la rampe d’accès, généralement imposante. Par contrainte d'espace, l'élévateur permet de transiter un fauteuil roulant entre deux niveaux grâce à un appareil qui peut se lever et s’abaisser en toute simplicité et sans travaux. |
Les places de stationnement |
Il est important de prévoir la présence de places de stationnement pour PMR. Elles doivent être les plus proches de l’entrée de la copropriété, ou bien les plus accessibles pour permettre la manipulation d’un fauteuil autour du véhicule. |
La pose de barres d’appui |
La barre d’appui permet aux PMR de faire une pause, de se maintenir correctement et de s’aider pour marcher. Ces barres sont fixées dans les murs, sont discrètes et les travaux d’installation sont mineurs. |
L’ascenseur |
L’installation d’un ascenseur permet d’ouvrir l’accès aux étages pour les PMR, mais permet aussi un gain de confort pour tous les copropriétaires. Lorsqu’il n’existe pas d’ascenseur dans la résidence, les travaux d’installation de cet équipement sont lourds et impliquent des modifications structurelles. Le coût est élevé. |
Les revêtements de sol |
Privilégier les revêtements de sols antidérapants en intérieur comme en extérieur. Les carrelages glissants peuvent être dangereux. Les allées extérieures sont idéalement bétonnées ou goudronnées pour un accès plus simple en fauteuil que sur des gravillons. |
- Dans les parties privatives
Les parties privatives peuvent aussi être pourvues d’aménagements pour un accès plus aisé aux personnes à mobilité réduite et/ou souffrant de handicap. On retrouve entre autres :
- le plain-pied sur toute la surface habitable
- la douche à fond plat
- la barre d’appui dans les sanitaires et les WC
- le monte escalier en cas de duplex
La prise de décision
Depuis le 31 décembre 2020, la prise de décision concernant les travaux d’aménagement et d’accessibilité des personnes à mobilité réduite a changé.
En effet, l'ordonnance du 30 octobre 2020, qui met à jour l’art 25-2 de la loi du 10 juillet 1965, notifie que : "Chaque copropriétaire peut faire réaliser, à ses frais, des travaux pour l'accessibilité des logements aux personnes handicapées ou à mobilité réduite qui affectent les parties communes ou l'aspect extérieur de l'immeuble. A cette fin, le copropriétaire notifie au syndic une demande d'inscription d'un point d'information à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale, accompagnée d'un descriptif détaillé des travaux envisagés."
Les travaux ne sont plus soumis au vote et à la majorité simple. Il s’agit simplement d’une information préalable.
L'alinéa 3 de l'article 25-2 ajoute en revanche que : "L'assemblée générale peut, à la majorité des voix des copropriétaires, s'opposer à la réalisation de ces travaux par décision motivée par l'atteinte portée par les travaux à la structure de l'immeuble ou à ses éléments d'équipements essentiels, ou leur non-conformité à la destination de l'immeuble."
L’AG peut donc s’opposer, mais cette situation reste peu fréquente et doit être expliquée et motivée.
Les droits du locataire
Le locataire d’un logement en copropriété qui souhaite réaliser des travaux d’aménagement pour rendre son appartement accessible aux PMR peut le faire, mais doit préalablement demander l’accord écrit du copropriétaire.
Quelles aides pour financer les travaux ?
Pour la partie travaux et financement, la copropriété et les copropriétaires à titre individuel peuvent bénéficier d’aides pour financer les équipements d’accessibilité des personnes à mobilité réduite. On retrouve notamment :
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des aides locales, vous pouvez vous renseigner auprès de la mairie ou du conseil général
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des aides de l’Anah
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la TVA à 5,5 % qui réduit le montant de ces équipements
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le crédit d’impôt pour les installations d'équipements spéciaux comme les ascenseurs. Ce dernier s’élève à 25 % du montant des travaux.
Le maître d’ouvrage, pour les travaux dans les communs, est le syndic. Cette fonction peut être déléguée à un prestataire spécialisé dans les aménagements pour l’accessibilité des PMR.