Conduits de cheminée : guide pratique

Dans une copropriété, la gestion des conduits de cheminée peut soulever des questions complexes, alliant enjeux techniques, réglementaires, et organisationnels. Ces installations nécessitent un entretien rigoureux et un respect strict des normes en vigueur. Que ce soit pour un entretien régulier, une réparation, ou une mise aux normes, les conduits de cheminée impliquent une coordination entre les copropriétaires, le syndic et les prestataires qualifiés. À travers ce guide pratique, nous proposons un éclairage complet pour comprendre les responsabilités de chacun, les étapes essentielles à suivre, et les bonnes pratiques à adopter pour assurer la sécurité et la pérennité de ces installations.

Conduits de cheminée : guide pratique
Conduits de cheminée : guide pratique

Comprendre les conduits de cheminée en copropriété

Les conduits de cheminée assurent l’évacuation des fumées générées par les appareils de chauffage ou de combustion, comme les cheminées, les poêles ou les chaudières. Leur rôle principal est d’éliminer efficacement les gaz de combustion pour garantir la sécurité des occupants et maintenir une qualité de l’air satisfaisante dans les habitations.

 

Dans une copropriété, les conduits peuvent se présenter sous deux formes principales :

  • Conduits individuels : Chaque logement dispose de son propre conduit, relié directement à son appareil de chauffage. Ce type de configuration limite les interactions entre voisins, mais peut nécessiter plus d’espace dans le bâtiment.
  • Conduits collectifs : Un seul conduit est partagé par plusieurs logements, souvent dans des configurations de chaudières collectives ou de systèmes de chauffage centralisés. Bien qu’économiques, ces conduits nécessitent un entretien rigoureux et des ajustements techniques pour éviter tout refoulement de fumées dans les logements​.

Enjeux et risques liés aux conduits de cheminée

Les conduits de cheminée comportent des enjeux majeurs, tant sur le plan de la sécurité que sur celui de la santé et de l’environnement :

  • Sécurité incendie : un conduit mal entretenu ou dégradé peut devenir un point de départ pour un incendie. L’accumulation de suie ou de dépôts inflammables accroît ce risque, d’où l’obligation de procéder à un ramonage régulier.
  • Santé des occupants : un conduit obstrué ou défectueux peut entraîner des rejets de fumées dans les logements, exposant les occupants à des substances toxiques, notamment le monoxyde de carbone. Ce gaz inodore et mortel est responsable de nombreux accidents chaque année.
  • Impact environnemental : un conduit en mauvais état peut nuire au rendement énergétique des appareils de chauffage et augmenter les émissions de polluants. Une bonne gestion des conduits contribue ainsi à réduire l’empreinte carbone de la copropriété.

Réglementation et responsabilités des copropriétaires

Le point de départ de toute démarche relative aux conduits de cheminée en copropriété est le règlement de copropriété. Ce document détermine la répartition des responsabilités entre les copropriétaires et le syndic. Il précise également si les conduits sont des parties communes ou des parties privatives.

 

En règle générale :

  • Les conduits collectifs sont considérés comme des parties communes, leur entretien et leur mise en conformité relevant de la responsabilité du syndic.
  • Les conduits individuels, bien que souvent privatifs, peuvent nécessiter des autorisations en cas de modifications ou d’utilisation spécifique (par exemple, installation d’un poêle à bois)​.

Une consultation préalable du règlement et, le cas échéant, un vote en assemblée générale sont nécessaires pour toute intervention significative sur ces installations.

Obligation de ramonage : fréquence et normes

Le ramonage est une obligation légale en copropriété mais aussi en logement individuel. Selon le Règlement Sanitaire Départemental Type (RSDT), il doit être effectué deux fois par an, dont une fois pendant la période de fonctionnement de l’appareil, pour les cheminées à bois, charbon ou fioul. Pour les conduits liés aux chaudières à gaz, un ramonage annuel suffit​.

 

Le non-respect de cette obligation peut avoir de lourdes conséquences :

  • En cas d’incendie ou d’intoxication au monoxyde de carbone, les assurances peuvent refuser d’indemniser les dommages si aucun certificat de ramonage n’est présenté.
  • Les conduits mal entretenus augmentent les risques de sinistres, ce qui peut engager la responsabilité civile du copropriétaire concerné ou du syndic, selon le statut du conduit​.
  • Le ramonage doit être réalisé par un professionnel certifié (Qualibat ou équivalent), qui délivrera un certificat attestant de la conformité de l’intervention.

Le rôle du syndic

Pour les conduits collectifs, la gestion des risques incombe principalement au syndic. Celui-ci doit s’assurer de la conformité des installations avec les normes en vigueur, notamment celles relatives à l’évacuation des fumées et à la prévention des incendies.

Le syndic doit également tenir un registre d’entretien mentionnant les dates et les preuves des interventions sur les conduits. En copropriété, les décisions relatives à des modifications ou à la mise en conformité des conduits doivent être votées en assemblée générale. Ces travaux sont soumis aux règles de majorité en fonction de leur nature :

  • Double majorité (article 26) pour les interventions structurelles comme l’installation d’un nouveau conduit.
  • Majorité simple (article 24) pour des travaux d’entretien régulier ou des ajustements mineurs​.

 

En cas de litige ou d’accident, la responsabilité peut être partagée entre les différents acteurs :

  • Le syndic, pour négligence dans l’entretien des conduits collectifs.
  • Le copropriétaire d’un conduit privatif, si l’entretien obligatoire n’a pas été respecté.

Installation, modification d’un conduit de cheminée

Dans une copropriété, l’installation ou la modification d’un conduit de cheminée implique de respecter des règles strictes pour préserver la sécurité et éviter les conflits entre copropriétaires.

Avant d’entamer des travaux, il est nécessaire de :

  • Consulter le règlement de copropriété
  • Obtenir une autorisation en assemblée générale. Toute modification des parties communes (comme un conduit collectif) ou des façades extérieures doit être approuvée par un vote des copropriétaires, généralement à la majorité qualifiée​.
  • Les travaux doivent être conformes aux règlements sanitaires départementaux et au Code de la construction et de l’habitation, notamment en termes de sécurité incendie et d’évacuation des fumées​.

 

L’ajout ou la modification d’un conduit, qu’il soit privatif ou collectif, peut nécessiter un vote en fonction de l’impact sur la copropriété :

  • Modifications mineures (par exemple, remplacement d’un élément défectueux) : Approbation à la majorité simple (article 24).
  • Interventions majeures (création d’un nouveau conduit ou changement affectant les parties communes) : Approbation à la double majorité (article 26) ou unanimité si l’installation modifie l’usage des parties communes​.

 

Les copropriétaires doivent être informés par le syndic de la nature des travaux, des coûts associés et des impacts potentiels avant le vote. Une fois validée, la décision doit être consignée dans le procès-verbal de l’assemblée générale.

Travaux sur les conduits de cheminée

Lorsque l'entretien régulier ne suffit plus à assurer le bon fonctionnement du conduit de cheminée, des travaux de rénovation ou de remplacement peuvent s'avérer nécessaires. Ces interventions, souvent onéreuses, doivent être soigneusement envisagées.

La rénovation : une solution pour prolonger la durée de vie du conduit

La rénovation peut être envisagée lorsque le conduit présente des signes de dégradation tels que des fissures, de la corrosion ou des infiltrations. Elle consiste à réparer les éléments endommagés et à remettre le conduit en état. Les techniques de rénovation varient en fonction de l'état du conduit et des matériaux utilisés.

On peut citer notamment :

  • Le tubage : Il s'agit d'insérer un tube en métal, généralement en inox, à l'intérieur du conduit existant afin d'isoler et de renforcer les parois.
  • Le chemisage : Un enduit spécifique peut être appliqué sur les parois internes du conduit pour les protéger de la corrosion et faciliter l'évacuation des fumées.
  • La maçonnerie : Dans le cas de dégradations sur la maçonnerie, des travaux de réparation peuvent être nécessaires pour consolider les joints et les éléments dégradés.

Le remplacement : une solution radicale pour les conduits très endommagés

Le remplacement du conduit est généralement envisagé lorsque celui-ci est trop endommagé pour être réparé ou lorsque les normes de sécurité ne peuvent plus être garanties. Cette opération est plus complexe et coûteuse que la rénovation. Elle nécessite la démolition de l'ancien conduit et la pose d'un nouveau conduit, soit en maçonnerie, soit en matériaux préfabriqués.

Matériaux et normes techniques à respecter

Les conduits de cheminée doivent être conçus pour garantir leur efficacité et leur durabilité tout en respectant les normes de sécurité.

Les principales exigences incluent l’utilisation de matériaux adaptés. Les conduits peuvent être maçonnés ou en métal. Ils doivent résister aux hautes températures (jusqu’à 700 °C pour certains extracteurs de fumée), à la corrosion et à l’encrassement​. En cas de tirage insuffisant, des dispositifs comme les extracteurs de fumées mécaniques ou électriques peuvent être installés. Ces équipements doivent être positionnés correctement et garantir une évacuation optimale sans refoulement des gaz​.

 

Enfin, il est impératif de se soumettre aux normes suivantes :

  • Le DTU 24.1 régit les règles de conception, de dimensionnement, d’installation et d’entretien des conduits de fumée. Il définit les critères relatifs à la résistance, à l’étanchéité et à la ventilation des installations.
  • La norme européenne EN 1856-1 s’applique aux conduits de fumée en métal et précise les exigences relatives à la fabrication, aux performances et à l’installation des systèmes de conduits pour les chaudières et foyers à combustibles solides, liquides et gazeux.
  • Les équipements (conduits, accessoires, etc.) doivent être certifiés NF ou CE pour attester qu'ils respectent les normes de sécurité et les performances thermiques et mécaniques attendues.

Suppression d’un conduit de cheminée

La suppression d’un conduit de cheminée, bien que moins fréquente, peut s’avérer nécessaire dans certaines situations :

  • Modernisation des systèmes de chauffage
  • Inutilisation : un conduit collectif inutilisé ou dégradé peut représenter un risque pour la sécurité et justifier sa suppression.
  • Dans certains cas, les conduits gênent des travaux de rénovation ou l’optimisation des espaces habitables.

 

La suppression d’un conduit est une opération délicate qui nécessite une validation en assemblée générale, comme pour toute intervention sur des parties communes. Les copropriétaires concernés doivent être informés des conséquences, notamment si le conduit est encore utilisé par certains logements​.

Une étude technique préalable doit évaluer les impacts structurels de la suppression, en particulier pour les conduits intégrés à des murs porteurs ou traversant plusieurs étages. Avant de supprimer un conduit collectif, il est nécessaire de s’assurer que les logements concernés disposent d’un autre système d’évacuation conforme aux normes​.

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